Illustration d'un enfant pensif face à une montagne

Que dire à un enfant en deuil ? Des conseils pour l’accompagner.

Accompagner au mieux un enfant qui a perdu un proche

La perte d’un être cher bouleverse profondément la structure émotionnelle d’une famille. Lorsqu’un enfant traverse ce type d’épreuve, il ne dispose pas des mêmes mots, ni des mêmes outils émotionnels que les adultes pour comprendre et exprimer ce qui lui arrive. Pourtant, la douleur d’un enfant en deuil est bien réelle.

Que dire à un enfant qui a perdu un proche ? Quels gestes et attitudes adopter pour l’accompagner sans l’écraser ni l’ignorer ? Cet article vous offre un guide complet, bienveillant et éclairé pour soutenir un enfant dans le deuil.

Comprendre le deuil chez l’enfant

Le deuil selon l’âge de l’enfant

Le vécu du deuil dépend fortement de l’âge de l’enfant mais aussi de votre enfant. Avant 5 ans, il ne comprend pas toujours que la mort est irréversible. Entre 6 et 9 ans, il commence à en saisir la portée, mais peut se sentir coupable. Après 10 ans, sa perception devient plus proche de celle des adultes.

Chaque enfant perçoit des choses différemment. Certaines personnes diront qu’un enfant en bas âge ne comprend pas ou ne se souviendra de rien. Je n’en suis pas certaine…

Mon expérience avec ma fille face à la mort de son petit frère et de son grand-père alors qu’elle n’avait que 3 ans prouve le contraire. Elle était tout à fait consciente qu’il se passait quelque chose, que l’on était triste et que notre quotidien était complètement chamboulé. Elle posait des questions et les reposait à nouveau. Et à chaque fois, on lui répondait.

Signes visibles et invisibles de la peine

Certains enfants pleurent, d’autres se replient sur eux-mêmes. Le deuil peut aussi s’exprimer à travers des troubles du sommeil, de l’agressivité ou une régression (pipi au lit, peur du noir, peur d’être seul, besoin constant d’être avec vous, besoin d’attention, etc.). Ces signaux ne sont pas à sous-estimer.

L’importance du rôle des adultes

Être un repère émotionnel

En tant qu’adulte, votre rôle est d’offrir un espace sécurisant où l’enfant peut exprimer sa peine, se sentir en sécurité. Même si vous êtes vous-même affecté, vous pouvez devenir un pilier grâce à votre sincérité et votre présence.

Gérer ses propres émotions sans tout cacher

Il est sain et tout à fait normal de montrer à l’enfant que vous êtes également triste. Cela lui apprend qu’il n’est pas seul dans la douleur, que les adultes peuvent aussi être tristes et que les émotions peuvent être partagées sans honte.

Parler de la mort avec des mots simples

Pourquoi éviter ce genre d’explications

Dire que « Mamie est partie en voyage » peut créer plus d’angoisse que de soulagement. L’enfant pourrait attendre son retour ou imaginer qu’il peut aussi être abandonné un jour. La clarté est essentielle.

Choisir des mots adaptés à son âge

Utilisez un langage simple mais honnête : « Il est mort. Cela veut dire qu’il ne reviendra pas. Mais on peut se souvenir de lui quand on le souhaite ».

Créer un espace de dialogue

Favoriser l’écoute active

Laissez l’enfant parler à son rythme. Ne cherchez pas à combler les silences. Un simple « Je t’écoute » peut ouvrir des portes immenses. L’enfant passera probablement rapidement à autre chose de toute façon.

Accueillir toutes les émotions

Autorisez ses larmes, ses colères, des interrogations, des questions qui reviennent à plusieurs reprises. Il n’y a pas de bonne ou de mauvaise façon de vivre un deuil, surtout pour un enfant.

Que dire à un enfant qui a perdu un proche

Phrases apaisantes et sincères

  • « Je suis là pour toi. »
  • « Tu as le droit d’être triste. »
  • « On va traverser cela ensemble. »

Ces mots simples rassurent et donnent un cadre émotionnel.

Mots à éviter

Je me suis souvent demandé si ce que je disais à ma fille était ce que j’aurais voulu entendre lorsque j’étais enfant. J’ai l’intime conviction qu’il y a des mots à éviter de dire à un enfant lors d’un situation ou discussion autour de la mort et d’un décès d’un proche.

  • « C’est la vie », « Il est mieux là où il est » : ces phrases peuvent sembler minimiser la peine.
  • « Sois fort » : un enfant ne doit pas porter ce poids.

L’importance des gestes simples

Présence silencieuse mais significative

Parfois, être assis à côté d’un enfant, sans rien dire, suffit. Un câlin, un regard, une main posée sur l’épaule sont autant de messages puissants.

Créer des rituels partagés

Allumer une bougie, dessiner ou écrire le prénom de la personne décédée, écrire une lettre, faire un bricolage, choisir des belles pierres, des feuilles ou des fleurs… Les gestes symboliques aident à extérioriser la peine et les enfants y sont sensibles.

Soutenir un enfant quand on est soi-même en deuil

Montrer sa vulnérabilité avec équilibre

Soutenir un enfant en deuil tout en étant soi-même affecté par la perte est un fameux défi. Il est essentiel d’admettre ses propres émotions et de montrer que la tristesse est une réaction tout à fait normale.

Partager ses sentiments avec l’enfant peut renforcer le lien et offrir un modèle. Cela montre à l’enfant qu’il est possible de ressentir de la douleur tout en continuant à avancer. Dites-lui : « Moi aussi je suis triste, mais je suis là pour toi. » Ce message peut réellement créer un lien fort.

Ne pas chercher à être parfait

Vous n’avez pas à avoir toutes les réponses. Vous ne devez pas absolument gérer cela de façon parfaite. Vous pouvez ne pas savoir quoi répondre ou trouver les mots plus tard. Ce qui compte, c’est l’authenticité de votre présence.

Briser le silence familial

Le danger des non-dits

Le silence autour de la mort peut engendrer des malentendus et des peurs chez l’enfant. Il est important d’essayer d’avoir une communication ouverte et honnête sur le sujet en sa présence.

Permettre à l’enfant d’exprimer ses pensées et ses émotions sans jugement favorise un processus de deuil sain et prévient des difficultés émotionnelles qui viendraient plus tard. Le silence nourrit l’imaginaire et parfois des angoisses infondées.

Un enfant qui sent qu’on lui cache la vérité peut se sentir trahi, interpréter les faits à sa façon et imaginer tellement de choses dans son monde imaginaire.

Valoriser la parole libre

Invitez l’enfant à poser ses questions, même les plus dérangeantes. Soyez prêts à entendre ce genre de choses : « Est-ce que moi aussi je vais mourir ? ».

Que pouvez-vous répondre à cela ? Une réponse honnête et rassurante est toujours préférable.

Accompagner l’enfant dans le temps

Surveiller les signes de deuil différé

Un enfant peut paraître aller bien, puis exprimer sa peine des mois après. Gardez l’œil ouvert, soyez disponible.

Les dates anniversaires et les pics émotionnels

Des jours particuliers, des moments intenses ou des dates (anniversaire, Noël…) peuvent réveiller la tristesse de l’enfant. Anticipez ces moments, offrez des temps de parole, du réconfort un peu plus que d’habitude, une pensée pour la personne qui n’est plus.

Utiliser des ressources adaptées

Livres et outils éducatifs

Il y a des tas de livres pour enfants qui couvrent le sujet de la mort et du deuil. Demandez à l’école et à la bibliothèque du coin si ils en ont à prêter ou à recommander ? Proposez le livre à l’enfant ou déposez-le à vue quelque part sur une table, sur un meuble. Là où il pourra discrètement le feuilleter si il le souhaite, quand il le souhaite.

Des livres comme « Au revoir Blaireau » ou « Dis, c’est quoi la mort ? », « Poussinou s’en est allé » et bien d’autres encore aident à poser des mots sur les émotions. Un futur article sera publié à ce sujet.

Professionnels du deuil

Rappelez-vous que vous ne pouvez pas non plus tout gérer et tout résoudre. Ne pas hésiter donc à vous faire aider. Il y a des associations dédiées aux enfants endeuillé. Mais aussi, pensez à consulter un psychologue pour enfants si le chagrin devient trop envahissant ou persistant.

En conclusion

Le plus grand soutien est la présence sincère

Accompagner un enfant dans son deuil nécessite patience, écoute et sincérité. Alors, que dire à un enfant qui a perdu un proche ? Dites-lui qu’il n’est pas seul. Montrez-lui qu’il a le droit de pleurer, de se souvenir, de parler… mais aussi de vivre, d’aimer, de rire et de grandir. Offrez-lui un cocon de bienveillance, même si celui-ci est imparfait. Parce qu’être là avec lui, simplement, c’est déjà énormément.

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Photo de Marie Brasseur, auteure

Je suis Marie Brasseur

J’écris sur le deuil pour mieux comprendre ce qu’il transforme en nous et autour de nous.

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