On entend souvent parler des fameuses “phases du deuil”. Déni, colère, marchandage, tristesse, acceptation…
Ces cinq mots sont devenus un repère collectif. Mais à force de les répéter, que comprenons-nous vraiment de ce qu’ils signifient lors d’un deuil ?
Dans cet article, je ne vais pas vous détailler les phases du deuil une par une. D’autres le font très bien. Ce que je veux faire ici, c’est vous proposer de faire un pas de côté : comprendre pourquoi ces phases rassurent, mais peuvent aussi enfermer. Et comment, parfois, on peut vivre avec son deuil sans jamais cocher toutes ces fameuses étapes.
Dans les médias, les livres de développement personnel, les cabinets médicaux, ou même dans des conversations entre proches on mentionne souvent les cinq phases du deuil. Ce modèle provient des travaux de la psychiatre Elisabeth Kübler-Ross, qui a longuement accompagné des personnes en fin de vie et a écrit plusieurs ouvrages très justes et sensibles sur la mort et le deuil.
À l’origine, elle décrivait ces cinq étapes chez des personnes mourantes. Ce n’est que plus tard que cette grille de lecture a été appliquée, parfois de manière réductrice et déformée, aux personnes endeuillées. Elle est devenue un point de repère commun, presque automatique, souvent cité sans tenir compte de toutes les nuances que Kübler-Ross elle-même avait apportées.
Les phases du deuil : un cadre rassurant… mais réducteur
Le deuil, un chemin tout tracé… vraiment ?
Le modèle des phases du deuil s’est répandu jusqu’à devenir une sorte de référence collective. Une structure rassurante, presque mathématique. Une promesse qui voudrait dire : si vous passez par ces étapes, vous irez mieux. Vous aurez « fait » votre deuil.
Mais alors, le deuil serait-il une chose que l’on termine ?
La réalité est plus complexe. Ce cadre peut aider, oui. Il peut apporter des mots là où il n’y en avait pas, une structure dans le chaos, une idée d’avancement, parfois. Quand on traverse une perte, on a besoin de repères, de sens, d’un fil auquel se raccrocher. Et dans ce contexte, les étapes peuvent jouer un rôle.
Mais pour beaucoup, ce modèle simplifie trop. Il donne l’impression que le deuil est un parcours balisé, avec un début, un milieu, une fin. Comme s’il suffisait de cocher les cases pour aller mieux.
Quand le deuil devient un contenu à étapes
L’essor des formats inspirants mais simplifiés
Aujourd’hui, en ligne, les phases du deuil sont partout : carrousels LinkedIn, infographies Pinterest, publications Instagram…Tout semble pouvoir être résumé en un nombre de points. Ces formats plaisent, car ils donnent l’impression d’un chemin balisé : Faites ceci en 5 étapes et votre vie va changer. Cela rassure, motive parfois, créé un effet miroir chez celles et ceux qui s’y reconnaissent.
J’ai lu plusieurs articles ou ouvrages qui parlent de 5, 7, voire 8 étapes du deuil selon d’autres auteurs. Il existe autant de théories que d’essais pour mettre de l’ordre dans le chaos du deuil. Ces approches peuvent avoir du sens. Elles peuvent soutenir, donner un fil rouge, offrir des repères à ceux qui cherchent à comprendre ce qu’ils vivent. Après tout, pourquoi pas ?
Mais, personnellement, je n’y crois que partiellement. Parce que ce n’est pas si simple.
Le deuil n’est pas une grille de lecture. Ce n’est pas une méthode à appliquer, ni une formule universelle. Il ne suffit pas de suivre une suite d’étapes pour aller mieux. Ce que l’on traverse est souvent plus flou, plus lent, plus intime, avec des retours en arrière et des bons en avant et est parfois même tout simplement indescriptible.
Ce n’est pas parce qu’on ne rentre dans aucune case – aucune “phase” – ou qu’on ne se reconnaît dans aucune publication inspirante qu’on ne fait pas “bien” son deuil. Mais au contraire, pour ceux qui s’y retrouvent et que cela aide dans leur cheminement : tant mieux.
Le deuil n’est pas une ligne droite
Une expérience en vagues, spirales et retours
Je partage cette conviction, que je retrouve aussi chez de nombreux professionnels : le deuil n’est pas un processus linéaire. Et vouloir absolument le faire entrer dans des cases successives peut devenir plus pesant que libérateur.
Cela peut faire croire qu’il faut passer à l’étape suivante, avancer coûte que coûte, comme si rester en colère trop longtemps ou revenir à la tristesse après un moment de répit était une forme d’échec. Comme si tout retour en arrière était une régression.
Non, le deuil n’est pas une ligne droite, ni un projet qu’on coche étape par étape. Beaucoup de personnes vivent leur deuil par vagues : des émotions intenses, suivies de moments de calme, puis de nouvelles secousses. Certains ne se reconnaissent dans aucune des fameuses “phases”, d’autres tournent en boucle entre deux d’entre elles, ou se trouvent déstabilisés par un retour brutal de la douleur des mois plus tard.
C’est normal. C’est humain. Et c’est même fréquent. Et il serait bon que ceux qui jugent — souvent de l’extérieur — une personne qui “reste bloquée” dans telle ou telle phase comprennent que ce n’est pas toujours une question de volonté, mais d’émotions profondes, complexes, vivantes. Le deuil ne suit pas de règle, et il n’y a pas d’étape à valider pour mériter d’aller mieux.
Réduire l’expérience du deuil à une suite de cinq étapes figées peut devenir oppressant pour certains. Cela peut créer de la culpabilité, du mal-être supplémentaire, voire du découragement, surtout quand on a besoin de temps, d’espace et de liberté pour vivre ce que l’on ressent et avancer pas à pas.
Comprendre les phases du deuil sans s’y enfermer
Je le reconnais volontiers : les phases du deuil peuvent réellement servir de repères pour certains. Elles peuvent aider à mettre des mots, à comprendre ce qui se passe en soi. En psychologie, certains les considèrent comme uncadre parmi d’autres, utile pour certains patients. Mais elles ne doivent pas devenir une pression de plus pour ceux qui tentent simplement de survivre à la perte d’un être aimé.
Le deuil se vit. Il ne se planifie pas. Ce n’est pas un plan qu’on déroule, ni un projet avec des cases à cocher. Comprendre les phases du deuil, c’est surtout un mouvement intérieur…et il n’y a pas qu’une seule façon de traverser la perte et un nombre précis d’étapes pour s’en remettre.
Souvent invisible, le deuil demande du temps, de la patience et de la bienveillance envers soi-même. Et ce blog est là pour rappeler cela, à ceux qui le vivent comme à ceux qui les entourent.
Les phases du deuil : cinq étapes et puis quoi ?
Comprendre les phases du deuil
On entend souvent parler des fameuses “phases du deuil”. Déni, colère, marchandage, tristesse, acceptation…
Ces cinq mots sont devenus un repère collectif. Mais à force de les répéter, que comprenons-nous vraiment de ce qu’ils signifient lors d’un deuil ?
Dans cet article, je ne vais pas vous détailler les phases du deuil une par une. D’autres le font très bien. Ce que je veux faire ici, c’est vous proposer de faire un pas de côté : comprendre pourquoi ces phases rassurent, mais peuvent aussi enfermer. Et comment, parfois, on peut vivre avec son deuil sans jamais cocher toutes ces fameuses étapes.
Dans les médias, les livres de développement personnel, les cabinets médicaux, ou même dans des conversations entre proches on mentionne souvent les cinq phases du deuil. Ce modèle provient des travaux de la psychiatre Elisabeth Kübler-Ross, qui a longuement accompagné des personnes en fin de vie et a écrit plusieurs ouvrages très justes et sensibles sur la mort et le deuil.
À l’origine, elle décrivait ces cinq étapes chez des personnes mourantes. Ce n’est que plus tard que cette grille de lecture a été appliquée, parfois de manière réductrice et déformée, aux personnes endeuillées. Elle est devenue un point de repère commun, presque automatique, souvent cité sans tenir compte de toutes les nuances que Kübler-Ross elle-même avait apportées.
Les phases du deuil : un cadre rassurant… mais réducteur
Le deuil, un chemin tout tracé… vraiment ?
Le modèle des phases du deuil s’est répandu jusqu’à devenir une sorte de référence collective. Une structure rassurante, presque mathématique. Une promesse qui voudrait dire : si vous passez par ces étapes, vous irez mieux. Vous aurez « fait » votre deuil.
Mais alors, le deuil serait-il une chose que l’on termine ?
La réalité est plus complexe. Ce cadre peut aider, oui. Il peut apporter des mots là où il n’y en avait pas, une structure dans le chaos, une idée d’avancement, parfois. Quand on traverse une perte, on a besoin de repères, de sens, d’un fil auquel se raccrocher. Et dans ce contexte, les étapes peuvent jouer un rôle.
Mais pour beaucoup, ce modèle simplifie trop. Il donne l’impression que le deuil est un parcours balisé, avec un début, un milieu, une fin. Comme s’il suffisait de cocher les cases pour aller mieux.
Quand le deuil devient un contenu à étapes
L’essor des formats inspirants mais simplifiés
Aujourd’hui, en ligne, les phases du deuil sont partout : carrousels LinkedIn, infographies Pinterest, publications Instagram…Tout semble pouvoir être résumé en un nombre de points. Ces formats plaisent, car ils donnent l’impression d’un chemin balisé : Faites ceci en 5 étapes et votre vie va changer. Cela rassure, motive parfois, créé un effet miroir chez celles et ceux qui s’y reconnaissent.
J’ai lu plusieurs articles ou ouvrages qui parlent de 5, 7, voire 8 étapes du deuil selon d’autres auteurs. Il existe autant de théories que d’essais pour mettre de l’ordre dans le chaos du deuil. Ces approches peuvent avoir du sens. Elles peuvent soutenir, donner un fil rouge, offrir des repères à ceux qui cherchent à comprendre ce qu’ils vivent. Après tout, pourquoi pas ?
Mais, personnellement, je n’y crois que partiellement. Parce que ce n’est pas si simple.
Le deuil n’est pas une grille de lecture. Ce n’est pas une méthode à appliquer, ni une formule universelle. Il ne suffit pas de suivre une suite d’étapes pour aller mieux. Ce que l’on traverse est souvent plus flou, plus lent, plus intime, avec des retours en arrière et des bons en avant et est parfois même tout simplement indescriptible.
Ce n’est pas parce qu’on ne rentre dans aucune case – aucune “phase” – ou qu’on ne se reconnaît dans aucune publication inspirante qu’on ne fait pas “bien” son deuil. Mais au contraire, pour ceux qui s’y retrouvent et que cela aide dans leur cheminement : tant mieux.
Le deuil n’est pas une ligne droite
Une expérience en vagues, spirales et retours
Je partage cette conviction, que je retrouve aussi chez de nombreux professionnels : le deuil n’est pas un processus linéaire. Et vouloir absolument le faire entrer dans des cases successives peut devenir plus pesant que libérateur.
Cela peut faire croire qu’il faut passer à l’étape suivante, avancer coûte que coûte, comme si rester en colère trop longtemps ou revenir à la tristesse après un moment de répit était une forme d’échec. Comme si tout retour en arrière était une régression.
Non, le deuil n’est pas une ligne droite, ni un projet qu’on coche étape par étape.
Beaucoup de personnes vivent leur deuil par vagues : des émotions intenses, suivies de moments de calme, puis de nouvelles secousses. Certains ne se reconnaissent dans aucune des fameuses “phases”, d’autres tournent en boucle entre deux d’entre elles, ou se trouvent déstabilisés par un retour brutal de la douleur des mois plus tard.
C’est normal. C’est humain. Et c’est même fréquent. Et il serait bon que ceux qui jugent — souvent de l’extérieur — une personne qui “reste bloquée” dans telle ou telle phase comprennent que ce n’est pas toujours une question de volonté, mais d’émotions profondes, complexes, vivantes. Le deuil ne suit pas de règle, et il n’y a pas d’étape à valider pour mériter d’aller mieux.
Réduire l’expérience du deuil à une suite de cinq étapes figées peut devenir oppressant pour certains. Cela peut créer de la culpabilité, du mal-être supplémentaire, voire du découragement, surtout quand on a besoin de temps, d’espace et de liberté pour vivre ce que l’on ressent et avancer pas à pas.
Comprendre les phases du deuil sans s’y enfermer
Je le reconnais volontiers : les phases du deuil peuvent réellement servir de repères pour certains. Elles peuvent aider à mettre des mots, à comprendre ce qui se passe en soi. En psychologie, certains les considèrent comme un cadre parmi d’autres, utile pour certains patients. Mais elles ne doivent pas devenir une pression de plus pour ceux qui tentent simplement de survivre à la perte d’un être aimé.
Le deuil se vit. Il ne se planifie pas.
Ce n’est pas un plan qu’on déroule, ni un projet avec des cases à cocher. Comprendre les phases du deuil, c’est surtout un mouvement intérieur…et il n’y a pas qu’une seule façon de traverser la perte et un nombre précis d’étapes pour s’en remettre.
Souvent invisible, le deuil demande du temps, de la patience et de la bienveillance envers soi-même. Et ce blog est là pour rappeler cela, à ceux qui le vivent comme à ceux qui les entourent.
A lire également:
Je suis Marie Brasseur
Mes autres articles
Apaiser la surcharge mentale lors d’un deuil intense
L’éternité digitale : quand la mort laisse une trace en ligne
Carte de condoléances : 20 idées et conseils
Trier les affaires d’un défunt : une épreuve émotionnelle
Recevez des emails (mais pas trop).
Inscrivez-vous à la newsletter et recevez des conseils, des citations, des passages de livres, des posts de blogs.