Illustration du deuil périnatal avec un berceau vide et un doudou

Mon bébé est né sans vie : récit d’un deuil périnatal

Témoignage sur la perte de mon bébé

Dans ce témoignage personnel, je partage une expérience intime et douloureuse : celle d’un accouchement sans vie. Le deuil périnatal reste un sujet invisible, et pourtant si réel pour celles et ceux qui le traversent. Ce texte est un extrait brut, sans fard, de ce que j’ai vécu.

Donner naissance à la mort : le deuil périnatal

J’ai vu le corps de mon fils sans vie, alors que celle-ci aurait à peine dû commencer. C’était un bébé qui ne pleurait pas, un petit corps sans vie que je ne savais pas comment porter. Mais mes bras ont redoublé de délicatesse lorsque j’ai enfin eu la force de le prendre contre moi. Son âme était déjà partie avant même de naître. On me reprenait déjà ce qui venait de m’être donné. Une main sur sa petite tête recouverte de son bonnet blanc et l’autre lui soutenant son dos, le poids de son petit corps reste ancré en moi à jamais. Je me souviens des mots du docteur : « Son cœur ne bat plus. » Ces mots ont figé le temps, marquant à jamais le début de ce que je n’aurais jamais imaginé. Comment faire pour absorber le choc ?

Depuis ce moment, ressentir sa présence et comprendre le sens de son départ si précoce est un désir silencieux, un chemin conducteur que j’ai entamé le jour de sa mort et qui m’accompagnera pour le restant de ma vie.

Quand tout s’est arrêté en moi aussi

Ce n’était pas seulement la vie de mon bébé qui s’était arrêtée ; c’était aussi la mienne qui vacillait entre deux mondes étant donné les complications de l’accouchement. Il est parfois des circonstances où la mort n’est pas seulement une idée abstraite ou une émotion éloignée. Elle devient une présence tangible, physique, une réalité brute que l’on touche du doigt, comme cela a été mon cas.

Ce jour-là, tout s’est arrêté. Ce jour-là la mort était une présence. Je l’ai sentie, frôlée et elle a emporté une partie de moi.

J’ai basculé dans une forme de réalité parallèle. Celle où l’on devient mère… sans enfant. Celle où l’on souffre dans son corps et dans son âme, sans comprendre pourquoi ni pouvoir dire ce que c’est. Où il faut continuer à respirer, malgré l’injustice de cet instant qui va transformer tout le reste après.

Proche de la mort imminente ?

L’instant où je me suis retrouvée entre la vie et la mort restera gravé en moi à jamais. Il y a eu cette hémorragie massive pendant cet accouchement interminable, moment où la douleur physique insoutenable a soudain atteint un seuil au-delà duquel je ne la ressentais plus.

Et puis, l’atrocité a fait place à un soulagement soudain, comme si mon corps s’était déconnecté de la douleur. J’ai senti ma tête quitter le lit sur lequel j’étais allongée, une sensation de légèreté m’avait envahi. Les sons et mes sensations ne m’atteignaient plus, et, autour de moi, tout était devenu blanc, léger et silencieux. Je n’étais plus liée à cette réalité que j’étais en train de vivre depuis des heures dans cette salle d’accouchement dans laquelle je devenais folle, entourée de mon conjoint perdu et d’une équipe médicale face à une situation grave. J’étais là, mais ailleurs.

Ensuite, plus rien. La souffrance physique qui m’avait accablée jusqu’à cet instant avait disparu. Mon corps n’était plus qu’une absence. Après, je ne me souviens plus de rien.

Le retour du corps, le silence des mots

Je n’ai pas eu droit à tenir mon bébé comme toutes les mamans lorsqu’il est sorti de mon ventre et il a fallu des heures à mon corps pour revenir à lui. Des mois et des années pour enfin en parler.

Les jours qui ont suivi, j’ai découvert ce qu’était la sidération. Une fatigue inhumaine. L’impression de vivre un cauchemar éveillé. Une réalité tellement abstraite.

Faire face au deuil périnatal

On ne fait pas son deuil d’un bébé comme on le fait d’une autre personne. Car il n’y a pas de souvenirs partagés. Des souvenirs d’une grossesse, de l’attente, des moments vécu dans l’intimité, il y en a pour les parents, mais pas ou peu pour les autres. Il n’y a pas de voix enregistrée, de photos à feuilleter. Il y a des rêves interrompus, lacérés. Des projections envolées. Un vide immense.

Et pourtant, il faut continuer. Trouver une manière de survivre. De nommer ce bébé, de lui donner une place. Même invisible. Même silencieuse. Parce qu’un lien existe, et qu’il ne se rompt pas avec la mort.

Faire face au deuil périnatal, le vivre en plein face, c’est aussi à ce moment là souvent que l’on découvre ce que c’est. Avant ça, on n’avait même pas ces mots dans notre vocabulaire…

Un lien qui demeure et évolue

Depuis ce jour, j’essaie de faire de ce manque une présence. Je tente de transformer l’absence en hommage, le silence en chemin. Il m’arrive de l’imaginer grandir. Souvent, je me dis qu’il a fait de moi une autre personne. Peut-être est-ce une façon d’y voir un certain sens et d’être un autre type de maman.

Cet article vous a touché?

Ce texte est issu de mon manuscrit consacré au deuil sous toutes ses formes, pas uniquement sur le deuil périnatal. Pour en savoir plus ou partager votre propre histoire, vous pouvez me contacter ici.

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Photo de Marie Brasseur, auteure

Je suis Marie Brasseur

J’écris sur le deuil pour mieux comprendre ce qu’il transforme en nous et autour de nous.

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