Faire son deuil ou ne pas faire son deuil ?

« Faire » son deuil ou ne pas faire son deuil ?

Combien de fois avez-vous entendu cette phrase : « Il faut que je fasse mon deuil » ? Quand elle est prononcée par celui qui souffre, est-ce une manière de se convaincre qu’il existe une fin, qu’un jour la douleur s’atténuera ? Est-ce une tentative de se persuader qu’il est possible de mettre un terme à cette traversée ? Et lorsqu’elle est dite à propos d’une autre personne, n’est-ce pas souvent pour exprimer l’attente et l’envie que sa peine s’allège, que son état change, qu’il ou elle « passe à autre chose » ?

Derrière ces mots que l’on entend trop souvent se cache une idée largement répandue : le deuil serait une étape que l’on franchit une fois pour toutes. Un jour, on se réveillerait en se frottant les mains et en se disant : « Voilà. J’ai fait mon deuil » . La réalité est bien différente.

Que signifie vraiment « faire son deuil » ?

Dire que l’on doit « faire son deuil » donne l’impression qu’il s’agit d’une tâche à accomplir, d’un passage obligatoire avec une sortie à la clé. Mais le deuil ne se règle pas comme un problème. Si il y avait une solution, une recette miracle, on le saurait déjà.

Faire son deuil ne veut pas dire oublier. Cela signifie plutôt apprendre à continuer de vivre en portant l’absence, parfois silencieuse, parfois douloureusement présente.

Le deuil est un processus de transformation. Ce qui demeure, c’est la trace du lien, de l’amour, et la manière dont il s’inscrit dans nos vies.

Quand l’expression devient une injonction douloureuse

Cette formule, en apparence banale, peut parfois même blesser. Elle fait naître l’idée qu’il faudrait avancer selon un calendrier précis, ou qu’il serait anormal de rester triste trop longtemps. Que trop de tristesse, trop longtemps, finit par gêner certains et qu’il serait temps de passer à autre chose. Cette expression souvent entendue

  • peut créer une pression, comme si l’on devait tourner la page pour être “normal”.
  • oublie que chacun a son rythme, son histoire, sa sensibilité.
  • peut donner le sentiment d’un jugement, implicite ou explicite.

Au lieu de demander : « Alors? Tu as fait ton deuil ? », une question plus juste pourrait être : « Comment vis-tu ton deuil en ce moment ? »

Mais pourquoi avoir choisi le nom « Faire son deuil » pour mon site ?

Alors, pourquoi ai-je choisi d’appeler mon site « Faire son deuil » ? Justement parce que cette formule est partout. On l’entend si souvent que l’on croit presque qu’elle décrit la seule manière possible de traverser une perte. De se redresser, de repartir comme si de rien n’était.

Preuve en est : le nombre de recherches sur Google autour de ces mots est impressionnant. En reprenant cette expression, je voulais l’interroger, la déconstruire, et surtout l’ouvrir à d’autres perspectives. Le deuil mérite qu’on l’aborde avec beaucoup plus de nuances et de profondeurs.

Conclusion

Dire qu’il faut « faire son deuil » est une formule très étroite pour une expérience si vaste. Surtout quand on parle du deuil d’un proche, d’un être aimé. Le deuil n’est pas une étape que l’on termine, mais une réalité qui nous transforme.

Il ne s’agit pas de fermer une porte, mais d’apprendre à vivre autrement, avec l’absence. Le deuil ne se tait pas. Mais il peut devenir une manière nouvelle d’aimer et de continuer à avancer dans la vie.

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Photo de Marie Brasseur, auteure

Je suis Marie Brasseur

J’écris sur le deuil pour mieux comprendre ce qu’il transforme en nous et autour de nous.

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