Qu’est-ce que « Faire son deuil »?
Tout sauf une tâche à accomplir
On entend souvent cette phrase: Faire son deuil. Comme si cela allait de soi.
“Faut que je fasse mon deuil.” Comme si cela se “faisait” tout naturellement, comme on referme un dossier.
Mais que se passe-t-il vraiment derrière cette formule toute faite ?
Faire son deuil, ce n’est pas une tâche à accomplir. Ce n’est pas un objectif avec des étapes à franchir dans l’ordre et avec une fin. Faire son deuil n’est même pas quelque chose que l’on choisit, même si on y met beaucoup d’effort. C’est ce qui arrive — ou pas — quand la vie continue sans l’être, la situation ou le cadre qu’on aimait et qui n’est plus…
Le deuil ne se limite pas à la perte d’un proche
Des pertes multiples, toutes légitimes
Quand on parle de deuil, on pense immédiatement à la mort d’un proche. Bien sûr, le décès d’un être aimé est au cœur de nombreux deuils. Mais ce n’est pas la seule façon d’être endeuillé. On peut vivre le deuil :
– d’une relation qu’on a aimée,
– d’un projet de vie qui ne se réalisera pas,
– d’une maison que l’on quitte,
– d’un pays qu’on laisse derrière soi,
– d’un travail qu’on n’exercera plus,
– d’un animal de compagnie,
– d’un corps qui a changé,
– ou d’une version de soi-même.
Toutes ces pertes sont bel et bien réelles et peuvent être déroutantes. Elles méritent, elles aussi, qu’on s’y arrête. Qu’on les nomme. Qu’on les ressente. Qu’on en fasse quelque chose.
Parce qu’elles bouleversent, parfois tout autant que la perte d’un être humain.
Parce qu’elles marquent un avant et un après.
Faire son deuil : ce que cela ne veut pas dire
Non, faire son deuil, ce n’est pas :
- oublier,
- tourner la page,
- aller mieux vite,
- redevenir comme avant,
- être fort
Ces idées-là sont des attentes extérieures, des injonctions sociales, des raccourcis dont il faut se méfier.
Ce que faire son deuil peut vouloir dire
Faire son deuil, c’est peut-être :
- apprendre à vivre autrement,
- accueillir le passé, ce qui n’est plus… sans renier ce qui a été,
- reconnaître la trace laissée par l’absence,
- se laisser transformer sans se perdre,
- et parfois, poser de petits gestes pour continuer.
Quand certains semblent ne pas être touchés
Vous en avez certainement dans votre entourage, il y a ces personnes qui, face à la perte, gardent une forme de sérénité. Qui parlent du cycle de la vie avec calme. Qui ne s’effondrent pas face à un deuil. Qui disent “c’est la vie”, et le pensent réellement.
Est-ce une forme de sagesse ? Un détachement profond ? Le fruit d’un long cheminement intérieur, ou d’une éducation différente ? Ont-ils vécu un deuil très tôt, ou s’en protègent-ils encore ?
Doit-on prendre exemple sur eux, apprendre à vivre le deuil ainsi, ou est-ce une façon d’être qui ne s’imite pas ?
Cette différence interroge. Elle ne doit ni culpabiliser ceux qui pleurent, ni idéaliser ceux qui traversent sans bruit. Mais elle existe. Et elle dit quelque chose de nos façons d’aimer, de perdre, de voir la vie et de continuer à vivre malgré les bouleversements.
Il n’y a pas de bonne manière de faire son deuil
Une diversité de réactions face au deuil
Qu’il s’agisse de la fin d’un amour, d’un déménagement difficile, de la perte d’un animal ou d’un être aimé, aucune forme de deuil n’est plus ou moins légitime qu’une autre. Et aucune n’est linéaire.
Certaines émotions reviennent sans prévenir. Certaines journées sont paisibles, joyeuses. D’autres, chaotiques et tristes. Il n’y a pas de modèle à suivre. Il n’y a que des traversées, parfois même des messages à comprendre. Des choses à voir.
Quelles ressources peuvent aider à faire son deuil ?
Des soutiens variés et personnels
Face au deuil, des tonnes de ressources et d’outils existent. Livres, thérapies, balades en forêt, groupes de parole, silences, rituels, musique, écriture, sport, etc. Tout est déjà là. Or, rien n’est miraculeux. Mais parfois, un mot lu au bon moment, une main tendue ou une idée nouvelle peuvent réellement avoir du sens dans votre deuil et vous apaiser.
À condition qu’on ne considère pas les ressources comme des raccourcis ou des échappatoires. Et surtout, qu’on se donne le droit d’aller à son rythme et de se faire du bien.
Faire son deuil, c’est vivre autrement
Ce n’est pas une méthode.
Ce n’est pas une ligne droite.
Ce n’est pas une règle universelle.
C’est une manière intime de continuer à vivre après une perte.
C’est une façon de reconnaître ce que l’on a aimé, ce qui nous a marqué, ce qui nous a « fait » ce qui n’est plus, et ce qui reste.
C’est une manière d’exister dans un monde qui a changé.
Cet article vous a aidé ? Pour aller plus loin :
Faire son deuil, c’est inventer sa manière d’habiter l’absence. Il n’y a pas de règle. Mais il y a des mots, des gestes, des ressources, et surtout du temps. Si vous cherchez des ressources pour traverser cette étape de vie, des suggestions pour vous aider ou vous rassurer, d’autres articles sont à votre disposition.



