Comprendre le deuil d’un travail, entre perte de repères et renouveau
Perdre un emploi, c’est perdre bien plus qu’un simple contrat. C’est souvent dire adieu à une part de soi, à une routine, à une sécurité — émotionnelle, sociale, ou financière. Le deuil d’un travail, c’est traverser une tempête intérieure que beaucoup sous-estiment.
Perdre un travail, c’est perdre une part de soi
Un poste, ce n’est pas seulement un métier. C’est une identité que l’on s’est construite au fil du temps. C’est le rôle que l’on incarne au quotidien, la place qu’on occupe dans un système, les repères que l’on suit sans y penser, les horaires et habitudes qui font que les jours s’écoulent à un rythme calé sur la vie professionnelle. Lorsque l’on perd un emploi, tout ceci disparaît.
Tout vacille : le rythme, les liens sociaux, et même la confiance en soi pour de nombreuses personnes.
Certaines pertes professionnelles sont soudaines : un licenciement, une restructuration. D’autres sont plus progressives : départ à la retraite, reconversion imposée, mise à l’écart, burn-out. Mais toutes bousculent et ont un avant et un après.
Un deuil invisible… mais bien réel
Lorsque j’ai perdu mon emploi, j’ai mis non pas quelques mois, mais quelques années à me remettre de la perte d’un poste que j’aimais profondément. Une fonction dans laquelle je m’épanouissais, que j’avais construite, investie à du 200%. Ce n’est que bien plus tard, que j’ai compris que c’était un deuil.
Le deuil d’un travail est rarement nommé comme tel. Il est pourtant aussi douloureux que d’autres pertes de vie. Quand on s’est identifié à son boulot, quand on l’a aimé, la perte de celui-ci peut provoquer une détresse sourde, une réelle perte d’estime de soi, un isolement social. Car on n’ose pas toujours en parler. Mais intérieurement, le vide est là et le bouleversement se vit et se ressent.
On se demande ce qu’on vaut sans ce rôle, sans ce boulot. Ce que l’on va devenir, comment on va faire. Et parfois, on se sent trahi par un système, incompris par l’entourage, incapable de rebondir immédiatement.
Un équilibre qui s’effondre
Le deuil d’un travail, ce n’est pas seulement quitter un bureau ou une fonction. C’est voir tout un équilibre s’effondrer. Une reconnaissance, une place claire dans la société, mais aussi des revenus auxquels on s’est habitués et une stabilité financière pour certains.
Lorsque le salaire auquel on s’était habitué disparaît, il faut réajuster les dépenses, revoir les priorités, parfois renoncer à des projets. Cela peut engendrer des difficultés et amener des angoisses de ne pas arriver à la fin du mois. Cela aussi, c’est un deuil.
Quand la vie redessine le chemin malgré soi
Quelque temps après avoir perdu mon boulot, j’étais prête à rebondir, à retrouver un rôle similaire. J’ai même refusé un contrat car je ne le sentais pas. Mais ensuite, la vie a pris un autre chemin.
Un enfant en bas âge à élever, un autre deuil qui a bouleversé mon quotidien. Puis un autre. Et pas n’importe lequel : celui de mon deuxième enfant. Alors, inévitablement, les priorités ont changé.
Le temps a passé sans que je puisse le contrôler. Et malgré mon acharnement à retrouver un poste équivalent, ce retour n’a pas été possible, ni comme je l’espérais, ni au moment où je l’espérais. Et cela a réellement été un autre deuil pour moi.
L’acceptation
Perdre un travail, ce n’est parfois pas facile à accepter. C’est même douloureux, parfois honteux. On se sent vide, inutile, éteint, nul, en marge de la société. Pourtant, avec le recul, cette perte peut parfois ouvrir tellement d’autres portes.
De mon côté, j’étais incapable de voir cela à l’époque. Cela m’a obligée à faire un travail introspectif, à savoir qui j’étais et ce que je voulais, mais aussi ce que je ne voulais plus.
Je me suis fait aidée, accompagnée, coachée. Cela a pris du temps mais j’y ai mis beaucoup d’énergie. J’en parle plus en détail dans mon livre, car ce deuil professionnel, silencieux et rarement reconnu, mérite lui aussi qu’on le nomme, qu’on l’exprime et qu’on l’accepte.
Se redéfinir sans se perdre
Rebâtir après une perte d’emploi peut durer beaucoup plus longtemps que prévu. Parfois, cela prend des années pour retrouver une vie professionnelle. Il ne s’agit pas seulement de retrouver du travail, mais de se retrouver soi. Mais aussi de reprendre confiance, de postuler, d’être au bon endroit au bon moment, d’être prêt à se vendre lors des entretiens d’embauche, d’expliquer avec nos mots les raisons de ce « trou » dans le CV, etc. Mais aussi pour certains de redéfinir leur rôle, leur mission, et leur rapport au monde.
Se reconstruire, en reprenant confiance
Souvent, cela ne se fait pas seul. Selon moi, il est d’ailleurs important de s’entourer, de se faire accompagner pour traverser cette épreuve, qui en fin de compte se révèlera certainement ne pas en être une, mais bien une opportunité de vie.
Et si cette rupture professionnelle, aussi douloureuse soit-elle, était aussi une invitation à se réaligner ? À créer autrement ? À s’autoriser autre chose ? Cela ne se fait pas en une consultation de transition de carrière ou session de coaching ou encore moins en un claquement de doigts. Mais par contre, chaque pas vous permettra d’avancer.
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Dans la catégorie Faire le deuil d’un travail, je compte y partager des pistes, des témoignages, des réflexions sur cette perte particulière. Parce qu’il est temps de reconnaître que le deuil d’un emploi, c’est aussi poser des mots sur une blessure bien réelle pour certains.
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2 réponses
Bravo ma chérie pour ce beau projet
Merciiii