Soutenir un collègue en deuil : messages et gestes adaptés

Sur une carrière professionnelle, les chances de vivre ou de côtoyer un deuil au travail sont presque certaines. C’est un passage inévitable, même s’il reste largement tabou en entreprise.

Si l’on passe entre 35 et 45 ans de sa vie à travailler, il est donc très probable qu’on sera, à un moment soit le collègue maladroit, bienveillant, muet, impuissant ou présent, soit la personne endeuillée qui revient au travail trop tôt, encore bousculée ou trop vide.

Comment soutenir un collègue en deuil à son retour au travail ?

Il ou elle revient après quelques jours ou semaines d’absence au travail, pousse la porte, s’assied à son bureau ou reprend son poste et ses habitudes.

Tout le monde sait. Mais personne ne sait vraiment quoi dire ni comment le dire. Comment soutenir un collègue en deuil lors de son retour au travail ?

Le jour où un collègue revient après avoir perdu un proche, l’atmosphère change. Ce jour-là et peut-être d’autres après, ce n’est pas un jour comme les autres. La réunion aura lieu peu importe les circonstances. Les e-mails s’enchaîneront et les coups de fils reprendront.

Que dire à un collègue en deuil ?

Certains n’osent rien dire. Par peur de mal faire, par peur de faire pleurer, ou simplement parce qu’ils ne trouvent pas les mots ou ne sauraient pas comment réagir si en face d’eux la personne craquait.

D’autres en disent trop. Ou parlent d’eux, de leur propre deuil, sans réaliser que ce n’est pas le moment. Qu’il ne s’agit pas d’eux, mais bien de la douleur de l’autre, ici et maintenant.

Et puis il y a ceux qui contournent l’émotion. Qui préfèrent continuer comme avant, se concentrer sur les tâches, les deadlines, le rythme. Sans voir la fatigue, l’épuisement même, que le deuil peut provoquer. Sans imaginer les démarches pratiques, les nuits sans sommeil, les larmes qu’il a fallu ravaler pour faire bonne figure. Sans envisager que, parfois, juste être là est déjà un effort colossal.

Pourtant, on ne demande pas aux collègues de devenir psychologues ou de ralentir tout le service. On leur demande juste un peu plus d’empathie. Un petit mot, un regard bienveillant, une main sur l’épaule. Rien de plus. Mais pas rien.

Il n’est pas nécessaire de tout dire. Ni de comprendre ce qu’on ne peut comprendre. Ce qui compte, c’est de reconnaître que quelque chose d’important s’est passé. Que la personne en face de soi revient différente. Fragilisée, peut-être. Mais courageuse. Et digne d’un peu plus d’humanité, à défaut de réponses toutes faites.

Exemples de phrases simples pour soutenir un collègue en deuil

Si vous êtes à court d’idées pour soutenir un collègue en deuil, voici quelques exemples de phrases simples, humaines, et respectueuses à lui dire à son retour, peu importe le degré d’affinité que vous avez :

  • Bon retour parmi nous, on est là si besoin.
  • J’ai pensé à toi.
  • Je ne trouve pas les mots… mais j’ai beaucoup de pensées pour toi.
  • Tu fais comme tu le sens, prends ton temps.
  • Ce que tu es en train de vivre me touche particulièrement.
  • Si tu veux parler, je suis là. Et si tu ne veux pas, pas de souci, je suis là aussi.

Si vous êtes un collègue plus proche

Parfois, on ne se contente pas de travailler ensemble. On se connaît un peu mieux. On se confie, on rit, on partage les pauses, les confidences, les coups durs aussi. Si vous êtes ce collègue-là — celui ou celle qui a peut-être su plus tôt, envoyé un message pendant les funérailles, demandé des nouvelles plus régulièrement, voire même assisté aux funérailles, alors votre présence compte encore plus au moment du retour.

Dans ce cas, le soutien peut être plus intime. Plus simple aussi. Il ne s’agit pas de parler à tout prix, ni même d’ébruiter quoi que ce soit aux autres collègues, mais d’être discret et disponible. De poser une main sur l’épaule, de proposer un café, de garder un œil discret.

Même si votre collègue craque, pleure, se referme ou vous évite… prenez un peu sur vous. Cette fragilité passera.

Ce que l’on peut faire même si la personne craque

Ce n’est pas l’éloquence qui compte ni un concours entre celui qui aura eu le plus pitié. C’est la justesse du geste et même de l’accompagnement au retour qui compte. L’attention discrète.

Et même si votre collègue à les larmes aux yeux quand vous l’aborder ou éclate en sanglots à son ordinateur ou dans le couloir, ce n’est pas grave. Cette fragilité est humaine et ne peut bien souvent pas rester à la maison ou être abandonnée avant d’entrer dans l’enceinte de l’organisation dans laquelle on travaille.

Laissez-le se reprendre. Dites-lui que vous comprenez et surtout : laissez-lui du temps.

Si vraiment vous voyez que la personne n’est pas bien du tout et n’arrive pas à se reprendre, se concentrer, dans ce cas – si vous êtes son responsable – à vous de voir si cela ne serait pas mieux de lui proposer délicatement de rentrer se reposer.

Éviter d’en faire trop, mais ne pas ignorer

Faire “comme si de rien n’était”, c’est parfois la pire option face à un collègue en deuil. Cela donne l’impression que la perte n’existe pas, que la douleur n’a pas de place, qu’elle est minimisée et qu’il n’y a que le travail et les projets professionnels qui comptent.

A l’inverse, parler trop, poser trop de questions, insister… peut aussi être malvenu, surtout dans le milieu professionnel. Votre collègue n’a peut-être ni l’envie, ni l’énergie de parler des circonstances du décès, de ses émotions ou d’autres choses avec vous, là, dans ces circonstances.

L’aspect privé et personnel est délicat lorsqu’il est imbriqué dans le milieu professionnel.

L’équilibre est donc fragile. Il se trouve souvent dans la sobriété. Dans le fait d’être un collègue disponible mais sans envahir. Présent, mais sans pression.

Le rôle du collectif

Le collègue endeuillé ne revient pas seulement dans une équipe, dans une structure impersonnelle ou dans un organigramme. Il revient dans un espace de vie, avec des collaborateurs, des relations établies, des échanges habituels, des habitudes installées.

Et ce retour peut être déstabilisant.

Tout semble identique, mais ce collègue, peut-être, ne se sent plus tout à fait le même ou est encore déstabilisé et fatigué par ce qu’il traverse.

C’est dans cette tension-là que le collectif peut faire la différence dans une organisation. Par la douceur du retour. Par une attention discrète, un simple mot adapté et placé au bon moment par les collègues, les ressources humaines, le manager, le patron.

Des petits gestes qui comptent pour soutenir un collègue en deuil

L’accueil, la reprise, les premiers jours : tout cela repose sur un collectif qui peut, par petites attentions, alléger le poids et faire en sorte que la personne sente dans ce retour à la « normale » une stabilité rassurante.

Un manager ou un collègue peut proposer un café, une balade pendant la pause de midi, aménager l’agenda, la charge de travail, éviter les maladresses. J’ai reçu une fleur déposée devant mon ordinateur dans un petit vase à mon retour par mon assistant. J’avais trouvé cela tellement touchant…

Chacun dans une équipe peut faire quelque chose. Par le silence bienveillant plutôt que malaisant. Par un post-it délicatement collé sur le bureau ou le casier du collègue endeuillé. Un petit chocolat avec la tasse de café. Par l’écoute. Par le simple fait d’être là.

Et si on ne l’a pas fait le premier jour ?

Il n’est jamais trop tard pour soutenir un collègue en deuil. Ne pensez-pas que le temps va effacer les choses. Vous pouvez avoir loupé une occasion, mais sachez que vous pouvez également vous rattraper à n’importe quel moment, tant que cela est sincère.

On peut toujours dire : “Je n’ai pas su quoi dire quand tu es revenu au bureau… mais j’ai pensé à toi.”

Revenir sur son propre silence, c’est déjà faire un pas vers l’autre.

En conclusion

Sur une vie, on passe bien souvent plus de temps avec nos collègues qu’avec nos proches. Alors, il est logique que le deuil, un jour, traverse aussi une carrière.

Pour certains, le retour au travail fait partie d’une routine réconfortante. Pour d’autres, revenir au travail après un deuil, ce n’est pas toujours “reprendre comme avant”. Pour eux, ce deuil qui commence est le début d’une série de remise en questions. Parmi elles, le sens au travail en fait partie.

Le retour au travail est alors le début d’une autre étape et d’un long chemin. Plus fragile. Plus flou mais moins évident aux yeux des autres collègues qui sont rapidement passés à autre chose.

Le rôle des autres et du management n’est pas anodin pour soutenir un collègue en deuil. Non pas pour consoler ou réparer. Mais pour accompagner.

Avec retenue. Avec délicatesse. Avec compassion et sincérité.

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Photo de Marie Brasseur, auteure

Je suis Marie Brasseur

J’écris sur le deuil pour mieux comprendre ce qu’il transforme en nous et autour de nous.

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